Que me cache-t-on?
J’ai été étonnée de trouver un sourire sur toutes les lèvres lorsque je j’en lançais un. Les gens, dans un pays non-libre ne sont-ils pas censés pleurer sur leur sort ou préparer une rébellion? Que me cache-t-on ici? Les check points abandonnés sont nombreux à Yangoon, comme dans un pays qui vient de cesser une guerre. Alors comment est cette nouvelle capitale, Naypyidaw, à laquelle je n’ai pas vraiment accès? Fermée, barricadée? Fantôme ou capitaliste?
Mes hôtes, dans les guesthouses veulent savoir ce que je fais, qui je suis, où je vais. A Kyaukme, on fait dix photocopies de mon passeport pour chaque autorité de cette petite ville de 80 000 habitants. De quoi avez-vous peur? Je voulais aller à l’est, au nord du pays... Les zones me sont fermées? Que me cache-t-on...
Touriste ou voyageur?
Doit-on voyager en Birmanie, doit-on éviter de financer la junte militaire au pouvoir en se gardant d’entrer dans le pays? Je crois que la voie juste à suivre est celle du voyageur et non celle du touriste, le premier évite de passer des vacances de plaisir dans le pays mais se rapproche des Birmans et de leur quotidien. Ainsi, il apporte une certaine ouverture, un peu d’air frais à un pays dont les frontières sont fermées pour ses ressortissants (leur passeport ne permet que d’entrer dans cinq pays d’Asie du sud-est). A l’inverse, le touriste universel consomme du monument et s’extasie sur les paysages, tout en renflouant les caisses de l’Etat autoritaire. Il parle anglais, mange aseptisé, trouve les Birmans gentils et le pays d’un rapport qualité prix qui n’est pas exceptionnel. Renfermer le pays dans son propre cliché... Ce n’était pourtant pas leur intention.
Yangoon et Mandalay, elles ont -presque- tout des grandes
Une impression de vieille Europe s’impose parfois avec ces anciens bâtiments coloniaux décrépis, aux coulures humides, aux fissures inquiétantes. Quatre étages qui paraissent abandonnés, des bow-windows so british, une couleur vert menthe tirant sur le vert moisissure.

Les rats sortent des embouchures d’égoûts, direction les petits tas de déchets mis en sac plastique. Un peu plus loin, les échoppes à riz vendent un ou deux plats façon cantine.


Les Birmans sont fans de reprises de tubes américains et spécialement celles des Iron Cross - une sorte de boys band quinquagénaire qui aime chanter Bon Jovi et Coldplay . Mais aucun jeune ne connaît la première version, et, pas sûr qu’ils puissent se la procurer. Pour mieux pouvoir contrôler les paroles et éviter au peuple de s’attarder sur ces idées rebelles qui pourrissent les Occidentaux? Même chose pour le rap, je demande à un garçon de mon âge fan de hip hop quels artistes américains il écoute. Il ne peut me citer que des noms birmans. Bonjour l’ouverture. En même temps, à quoi bon lorgner sur l’Occident puisque les voisins immédiats sont les puissances du futur, la Chine et l’Inde. Et puis, les anciens oppresseurs identifiés sont la Grande-Bretagne et le Japon. L’ancienne alliance de l’Ouest.
«Malgré la libération d’Aung San Suu Kyi, je crois qu’en Birmanie, rien ne changera. J’en parle avec mes employés, ils pensent que le gouvernement est bien installé et que la démocratie reste un rêve lointain.» Un entrepreneur français de Koh Tao
«Le système les a pervertis, aujourd’hui, ils sont secrets. Ils peuvent devenir voleurs, partir du jour au lendemain sans vraie explication.»
Merci merci merci merci,
RépondreSupprimergrâce à toi, j'ai l'impression d'être encore sur la route. Une ligne après l'autre, un km après l'autre, pour moi c'est kif kif, c'est comme si j'y étais. Je lis un paragraphe, je me retrouve dans un autre monde. Le canapé se transforme en vieux banc en bois. Les murs du salon tombent par terre et je me retrouve dans une rue crado, perdu au fin fond de l'Asie du Sud-Est. Je deviens le spectateur d'une tranche de vie, toujours à travers ce regard sur les choses qui me ressemble (ou l'inverse...).
Jalousement,
ton frangin