En même temps, quand on doit cacher des DEPLACEMENTS de population, des CAMPS de travail et une absence quasi-totale de liberté d’expression, on préfère les vacanciers qui ne posent pas de questions et qui font leur tour de bateau à moteur comme on leur a demandé. Bon, nous, ce n’était pas trop notre genre. On voulait plutôt découvrir ce qu’il y a « BEHIND THE DOORS » comme ils disent tous avec un air mystérieux et consterné. Arrivés à Yangoon, on a posés nos sacs à dos dans une guesthouse sombre tenue par une mamie pas marrante. Ce jour-là, elle s’énerve un peu parce qu’elle a besoin de nos numéros de visa et de passeport rapidement : un OFFICIER délégué du gouvernement attend les informations. Il passe tous les matins les récupérer afin de connaître tous les mouvements de touristes. On sort boire un thé après s’être passablement fait engueuler.
On commande : deux lapayè tchow (thés au lait concentré sucré). Deux tasses arrivent pleines à ras bord et avec elles, deux mecs bizarres s’asseyent à deux mètres de nous et commandent … rien du tout. Comme tout ESPION qui se respecte, ils ont un journal qu’ils font semblant de lire. Voilà, fallait le savoir, tous les touristes sont suivis au cours de leur voyage au moins une fois.
Donc on s’est tenus tranquilles au début : la PAYA SHWEDAGON,

Voilà pour le tourisme.
Ensuite, il y a eu les découvertes.
Il y a eu la rencontre avec les MOUSTACHE BROTHERS, ces comédiens jouant à domicile, étroitement surveillés par le gouvernement et qui s’acharnent à critiquer les travers de la société birmane et de son gouvernement. L’un d’eux, a été envoyé en PRISON et en camp de travail trois fois dont un séjour de sept ans, pour avoir blagué sur les généraux.

Il y a eu des balades dans les villages Shan et Palaung, des hauts-lieux de la lutte INDEPENDANTISTE des années 1980, toujours en veille, prêt à prendre les armes au moindre durcissement du gouvernement.
Il y a eu notre peur de se faire suivre les soirs dans la rue ou même ARRETER avec des images déplaisantes. La police vient dans la nuit vous arrêter à votre domicile, pour les locaux, ils partent directement en prison ou en camp après un semblant de jugement, pour les étrangers, ils finissent tout simplement à la frontière et repartent avec un coup de pied au cul et plus de pelloche.
De retour en Thaïlande, pays LIBRE, nous avons rencontré à la sortie de l’avion, une collaboratrice d’ONG indignée par la situation des minorités dans le Rakhaing : « l’Etat procède à une BIRMANISATION des populations, une sorte de purification ethnique via des mariages et des villages modèles (impliquant des prisonniers et des prostituées afin de les mélanger). Ils voudraient que tout le monde soit Birman et bouddhiste. Mais l’Union du Myanmar est faîte de multiples MINORITES revendiquant leur autonomie. Ils envoient les dissidents en camps de travail où les conditions de détentions sont déplorables, les prisonniers tapent du caillou sur le côté des routes ou travaillent dans les champs, un BOULET au pied. »